6h30, les cachets font effet. La douleur s'atténue, mon appareil fonctionne assez bien pour en masquer une partie et je suis optimiste quant au programme de la journée...
L'idée, c'est NicolasVararoz qui l'a eue: une petite balade vers Camaret. Les participants: Vara22, Jamesandebongs, VaraFiesta, et ma pomme, avec l'assentiment du toubib, et à condition que ma patte folle me laisse tranquille.
Le rendez-vous est fixé au Faou, mais j'ai oublié l'heure. La flemme de me mettre au clavier à cette heure-ci, je flemmarde un peu, puis la douche, le café et il est 8h quand je commence à m'équiper. 8h30, je suis prêt, la moto est sortie. Tant qu'à faire, je vais partir tout de suite, il me semble me souvenir qu'il y a un post où ils parlent d'un RdV à 8h à Lannion (vérification faite après la balade, le post demande tout SAUF un RdV à 8h...

Allez, zou, la canne est fixée au côté de la moto, façon Dr House, sans le sac à dos (c'est la seule chose qui m'énerve dans cette série: la canne dans le sac à dos... En cas de chute, au revoir les vertèbres...), et la route m'attend depuis bientôt trois ans et demi, à part une petite heure de leçon et une mini-virée en solo...
Un peu tendu: ce sera ma première balade en groupe depuis mon carton. J'espère ne pas passer pour un boulet tout de même...

Arrivé à 9h environ au Faou, je reçois un appel de Vara22. Ils arriveront plutôt vers 10h45...


La météo nous annonce de la pluie depuis plusieurs jours, mais aujourd'hui, elle semble avoir manqué son rendez-vous, et c'est tant mieux! Rouler sous le soleil, ce sera plus sympa.
Allez, c'est l'heure de désaltérer la monture et le motard. Direction la pompe à essence, puis la terrasse du café. Là, je croise un groupe de motards, qui ont pour programme le Pays du Léon: Lesneven puis une boucle qui leur prendra la journée. Très sympas: ils me ramènent même ma clé que j'avais oublié sur le top-case... Oui, je suis un boulet, et j'assume!

10h15, café réglé, j'enfile ma dorsale, mon blousons, mes gants, mon casque et Vroum! La Vara semble ravie de se dégourdir les bielles, au moins autant que moi de m'aérer les neurones. Direction le pointe de rendez-vous, su rles berges de la rivière du Faou. Le temps de garer la belle, de retirer mes gants, fumer une clope et préparer mon Oregon pour filmer la balade, et j'entends vrombir des moteurs. Tiens, voilà une Vara orange, accompagnée de deux GC. Je n'avais pas suivi la progression de VaraFiesta et Jamesandebongs et ne savais pas qu'ils étaient passés respectivement au Hornet et au VFR. Belles machines en tout ca!
On fait les présentations, on papote quelques minutes, histoire de faire connaissance, et je suis flatté des commentaires faits sur ma monture. C'est vrai que depuis trois ans, plutôt que de payer de l'essence, je me suis fendu de pas mal d'équipements: bulle haute, valises, topcase 45l, un klaxon plus puissant, les feux de détresse, le support RAM pour l'Oregon, un support GPS « maison », et les fixations de la canne bien sûr!

James se plaint qu'il n'a pas eu le temps de prendre un vrai petit-déj', alors direction le café à nouveau. On discute un peu, il disparaît direction la boulangerie et appelle Vara22 pour lui demander si on veut quelques chose, puis revient avec deux croissants qu'il engloutira le temps pour nous de savourer notre petit café.
Bon, c'est pas tout ça, mais on est venus ici pour rouler, alors gazzz! Caméra orientée ver sl'arrière pour essayer de filmer mes compagnons de route, on sort du Faou, direction le pont de Térénez. Cette route est très sympa, mais dans le coin, elle a mauvaise réputation à cause du grand nombre d'accidents chaque année. Beaucoup de virages masqués, quelques zones où le dépassement est possible, mais dans l'ensemble, tout le monde s'en méfie... L'an dernier, un motard s'est grièvement blessé dans un de ces virages. Sortie de route, chute en contrebas de la route au milieu des arbres, je vous laisse imaginer les dégâts. Il s'en est sorti miraculeusement vivant, mais pour lui, la moto c'est fini.
Du coup, prudence! Mais point trop non plus, sinon on serait restés chez nous... Le pont de Térénez, le nouveau, est très agréable à moto: une grande courbe majestueusement suspendue au-dessus du cours de l'Aulne,




C'est le premier pont courbe à hauban de France, Millaun rentrant dans la catégorie des viaducs, avec un record du monde de portance, et avec la forme de la lettre grecque "lambda".
(Sur la dernière photo, on voit bien l'ancien et le nouveau pont. Je vous laisse imaginer la galère que c'était que de sortir d'une pente à 12% pour négocier à 30km/h un virage à 90° et s'engager sur le pont, puis un nouveau virage à 90° pour en sortir...Sur le nouveau, la vitesse est limitée à 70, ce qui permet de rouler en sécurité, gagner un peu de temps sur le trajet, et de profiter un peu du paysage... Surtout quand on est coincés derrière un camping-car qui n'avance pas...)
Sortis du pont, on prend la route de Landévennec. Petit détour pour admirer le cimetière des bateaux, où les navires désarmés de la « Royale », puis de la Marine, attendent leur tour pour être démantelés. L'endroit est devenu un cimetière de bateaux, protégés dans un méandre de l'Aulne, depuis 1850. Le maire actuel de Landévennec s'est même battu désespérément pour obtenir que le Clémenceau finisse ses jours ici une fois désamianté, mais sa plaidoirie n'a pas été entendue. Il espérait que le pont et le porte-avion fassent venir des touristes, qui sont déjà nombreux dans le secteur.
Allez, on reprend la route, direction les quais de Landévennec, pour voir le fond de la Rade de Brest. Et on reprend la route, direction Lanvéoc. On passe devant la piste de la base aéronavale, puis on arrive au croisement qui mène à droite vers l'Ecole Navale et la base aéronavale, d'où ont décollé les premiers hélicoptères a s'être porté au secours de l'Amoco-Cadiz. Ce sont ces équipages qui ont évacué le personnel du pétrolier, et pour le petite histoire, deux des trois mécaniciens treuillistes sur les trois hélicoptères ayant participé à l'opération sont restés à bord du navire en perdition le temps que leurs collègues rapatrient les marins à terre, par manque de place dans les hélicoptères. Ils sont restés plusieurs heures sur un navire en perdition, à attendre que leurs camarades viennent les récupérer, pour laisser leur place à bord de l'hélico aux marins. Chapeau les gars!
Allez, on repart, direction le Fret, avec une vue superbe sur la base de sous-marins nucléaires. Un peu troublé par la présence d'un groupe de jeunes filles, j'hésite à m'arrêter sitôt passé le rond-point où je les ai aperçues... James aussi aura noté leur présence, mais bon, on est là pour rouler. Arrivés au croisement qui mène à gauche vers Camaret et à droite ver sl'Ile-Longue et ses sous-marins, la question se pose: il est 12h30, est-ce qu'on va tout de suite à la crêperie ou est-ce qu'on continue à rouler. La réponse de James est sans appel: « Manger! »
Allez, direction Crozon. Arrivés au rond-point du boulevard de Pralognan, je me retourne pour voir pourquoi James a klaxonné. Mais tout a l'air de rouler, alors zou, je passe le rond-point. Ben, oukyson? Plus personne dans mes rétros... Je ralentis avant de les voir enfin arriver, au pas... Kékyspasse? Pause dans la contre-allée, ils s'arrêtent derrière moi et Vara22 me fait signe que tout va bien. Bon, alors on y va. Traversée de Crozon, puis arrivée sur Postollonec, sa falaise, sa plage, et en haut de la falaise, sa crêperie. On gare les motos sur le parking, bien alignées, propre quoi. Enfin, à part le VFR... Garé en avant des autres... Histoire de se faire remarquer... Un gros poussin plein de bourrins... ^^
Hervè nous attend, j'ai réservé pour 3 et je l'ai appelé le matin pour lui dire que finalement on serait 4. Le repas se passe formidablement bien. Les crêpes sont excellentes, le service au top, avec Hervé et Chloé, qui nous préparera nos coupes glacées pour bien finir le repas après deux crêpes pour moi: une complète (jambon, œuf, fromage), et une Gwiniz-Du (fromage de chèvre, andouille, pommes cuites et salade verte en accompagnement). Les autres aussi se régalent avec la Reskibilou pour les 3 (jambon, poitrine, bacon, pomme de terre, fromage à raclette et salade), une glace pour James, une second crêpe (complète) et une au miel pour Vara22, une crêpe dessert et une glace pour VaraFiesta. Un petit café, l'addition, et hop, on repart après avoir remercié Hervé et Chloé pour ce délicieux repas, savouré en terrasse dans un cadre exceptionnel, avec vue sur toute la baie de Douarnenez!
Direction St Fiacre, en passant devant la poudrerie, où sont stockés les lanceurs des missiles pour les SNLE. On se fait doubler par une voiture. Enfin, doubler... Plutôt déposés puisqu'elle roule à... 160 au moins sur une route limitée à 90... No comment... On passe la chicane de Kélern, après laquelle se trouve le centre d'entraînement des fusiliers-marins commandos, des nageurs de combat, et, depuis le fiasco du Rainbow-Warrior, des agents opérationnels de la DGSE. Ben oui, quand on fait des conneries, on est privés de centre d'entraînement à Tahiti et on vous envoie en Bretagne, bien fait!

On continue sur Roscanvel, petit village en bord de Rade, et on poursuit jusqu'à la Pointe des Espagnols, qui ferme le goulet de Brest, avec la pointe du Minou de l'autre côté.
La route serpente le long de la côte jusqu'à Camaret, avec des paysages magnifiques, et on arrive à l'entrée du sillon de Camaret, malheureusement encombré de touristes. Dommage, on aurait pu aller jusqu'à la Tour Vauban et la chapelle Notre-Dame de Rocamadour, dont le clocher avait été décapité par un boulet de canon qui visait la Tour, à l'époque de Vauban, sans que l'église où s'était réfugiée la population ne s'effondre sur ceux-ci, et n'a jamais été réparé depuis. La Tour est classé patrimoine mondial de l'Unesco, comme toutes les réalisations de Vauban, ce qui a entraîné un afflux supplémentaire de touristes.
On reprend la route après une petite pause, direction la Pointe du Toulinguet et son sémaphore, pour voir le rocher du lion, et ensuite, direction la Pointe de Pen-Hir, qui marque la limite Ouest de la Presqu'île, ouverte sur l'Atlantique, en passant devant les alignements de mégalithes de l'Agatjar et le mémorail de la Marine Marchande commémorant leur participation à la Bataille de l'Atlantique.
Petite pause pour admirer l'océan. Qu'est-ce qu'on est bien. Mais qu'est-ce qu'il y a comme monde!

Petit regard vers le Sud: on distingue nettement les prochaines étapes: la Pointe de Dinan et le Cap de la Chèvre. C'est que ça va faire un bout de route, alors on remonte en selle, et on repart vers Crozon, en passant devant Kerloc'h, une plage très prisée par les surfeurs, au nombre desquels Miss France, qui adore les spots de la Presqu'île paraît-il... Kerloc'h, mais aussi Kerzigenou, Goulien, et La Palue.

Arrivés à Crozon, nouvelle pause, je vérifie un truc avec James. Avec son VFR, est-ce qu'il pense pouvoir passer par un tronçon d'une centaine de mètres de route de sable et gravier défoncée, pleine de nid de poules. Je m'en voudrais s'il abîmait sa monture et surtout, je veux vérifier avec lui si ça passera. On tente le coup, passant par les petits villages jusqu'à la plage de Goulien, sur des routes étroites où il est même impossible de faire se croiser une moto et une voiture. Mais les BARs qui arrivent de l'autre côté sont très courtoises et tout le monde se range pour nous laisser passer aux endroits où c'est possible.

On arrive devant la plage de Goulien, avec ses wind- et kite-surfeurs. Il y a un peu d'air aujourd'hui, une longue houle d'environ 1m50, et quelques planchistes enchainent surfs, jibes et autres sauts, accompagnés de 2 ou 3 kites. Pour nous, c'est le passage le plus délicat. La route est impossible à entretenir à cause des tempêtes hivernales qui emportent le revêtement. Les services techniques ne peuvent que combler les nids de poule en début d'été avec des graviers, qui se retrouvent au printemps éparpillés sur toute la chaussée, découvrant de gros trous un peu partout, comme si quelqu'un s'était amusé à vider un chargement de grenades sur une centaine de mètres... J'ouvre la route, essayant de montrer à James le chemin le moins défoncé. Dans mon rétro, il a l'air d'un gros poussin qui ouvre ses ailes, avec les jambes sorties pour rattraper la moto si besoin, suivi du Hornet qui semble un peu plus à l'aise. Pendant ce temps, Vara22 s'éclate avec sa Vara chaussée de Scorpions. Pour ce type de revêtements, ils sont top... Avec mes Michelin, je préfère jouer la prudence, surtout que je suis un peu rouillé tout de même.

Une fois franchi le point le plus difficile, direction la Pointe de Dinan où une pause s'impose. James semble crevé. Il s'allonge dans l'herbe au pied du VFR pour un repos bien mérité. C'est que, mine de rien, on n'a pas bouffé tant que ça de kilomètres, mais on roule depuis un paquet d'heures, et de mon côté, la jambe commence à se rappeler de façon de plus en plus présente à mon bon souvenir. Je passe de plus en plus de temps à régler mon neurostimulateur pour pallier la douleur, mais je pense que je ne suis pas loin de ma limite. J'en fais part aux autres, et on se met d'accord pour finir par le Cap de la Chèvre et ensuite descendre prendre un verre sur Morgat. On prend donc la route du Cap, en passant par La Palue, et on finit aux Flots, la brasserie où travaille mon frangin.

J4ai passé une journée super, et je leur offre une tournée pour les remercier. A priori, je ne dois pas être si rouillé que ça, et eux semblent avoir apprécié leur passage ici. On a parcouru pas loin de 150 kilomètres depuis ce matin, et la fatigue commence à se faire sentir. Et comme ils ont de la route à faire et qu'ils bossent tous demain, on se met d'accord pour pourquoi pas s'organiser une autre sortie une autre fois, histoire de faire la fin de la Presqu'ile, le Menez-Hom et l'Aulne fluvial et maritime. Mais ça, ce sera l'objet d'un autre CR. Pour le moment, je me contente de les raccompagner jusqu'à Tal-Ar-Groas, et je ramène la Vara à l'écurie, pour prendre un repos bien mérité après une journée riche en rencontre et en sensations. Il ne reste plus qu'à attendre les photos de VaraFiesta et y ajouter le rush du début de la balade en vidéo, pour compléter ce CR d'un montage sympatoche.

Merci encore les gars. Reprendre les balades à moto, c'était mon objectif depuis plus de 3 ans, et remonter en selle en compagnie de gars aussi sympa et dans une ambiance aussi agréable, sous le soleil et dans des lieux aussi splendides que ma Presqu'île, mon bout du monde, c'était encore plus sensationnel. Merci d'avoir partagé ce bout de route dans mon coin de paradis, et à la prochaine pour une autre balade, sous le signe de la cordialité et de la bonne humeur, avec grand plaisir!
