Pour lui, si évolution il doit y avoir, elle sera désormais limitée par rapport à ce que j'ai réussi à atteindre aujourd'hui.
Quand je suis arrivé dans sa salle d'examen au mois de mai l'an dernier, après 6 mois de suivi hasardeux, il pensait que je devrai conserver une boiterie très importante, et qu'au mieux je pourrai me déplacer avec une canne en permanence.
Aujourd'hui, mes fractures sont toutes consolidées, ne restent que les douleurs neurologiques, très lourdes par moments, mais sans commune mesure avec ce que j'ai enduré pendant plus d'un an et demi.
J'arrive à me déplacer avec une canne par souci de sécurité, mais en séance de kiné par exemple, je commence à pouvoir m'en passer (même si ce n'est pas toujours évident).
J'ai donc récupéré une main pour trimballer ma tasse de café, pouvoir faire ma lessive, ma vaisselle, tout un tas de choses qui m'étaient devenues impossibles ou très compliquées avec une paire de béquilles.
Côté douleur, on arrive à peu près à la maitriser avec les antalgiques et les neuroleptiques. Pour bien faire et les maitriser complètement, j'aurai dû rester sous morphine, mais je préfère avoir mal et rester lucide plutôt que de flotter sur un nuage de bien-être artificiel. On a donc trouvé un compromis: rendre les douleurs supportables sans pour autant avoir à subir trop d'effets indésirables liés à la prise de médicaments.
Les douleurs résiduelles relèvent d'une neuropathie en fait, ce qui a été confirmé par un électromyogramme (examen hyper douloureux, je ne le souhaite à personne!). Pas d'intervention possible, pas de traitement "curatif", juste des neuroleptiques pour tenter de contrôler la douleur en attendant que celle-ci évolue...
Le bilan, j'ai mal en permanence, un peu comme si j'avais un bleu qui s'étend du genou jusqu'aux orteils, et que celui-ci est enfermé dans un étau qui appuie dessus en permanence. Ca, c'est la douleur constante, mais j'ai aussi des pics de douleur provoqués par l'appui ou par une station assise prolongée (à partir de 30 à 45 minutes) au point qu eje ne peux presque plus bouger dans ces moments-là.
Côté psy, j'ai toujours peur en voiture. J'ai pris une heure de leçon sur ma voiture automatique avec un moniteur d'auto-école du coin qui m'a rassuré: les automatismes et les bons réflexes sont toujours là, mais il faudrait que j'arrive à passer au-delà de l'angoisse et de la peur. J'ai failli avoir une crise de panique au volant, il a fallu que je me gare tout de suite et que je descende de la voiture pour respirer.
D'après le psy, ça passera avec le temps, un peu comme les douleurs neurologiques... Mais il faut que je me fasse violence et que je commence par de petits trajets (pas plus de 5 à 10 kms pour commencer).
Voilà, ça c'est le bilan près de deux ans après l'accident.
Côté moral, la Vara est toujours dans le garage. Il me tarde de pouvoir monter dessus, et en attendant, je continue à la bichonner. Elle a le droit à un nettoyage complet une fois par mois.
Bref, voilà le topo d'ensemble. Normalement, je revois mon toubib vers la mi-décembre, et il envisage une "consolidation" pour cet hiver. Consolidation, mais pas guérison malheureusement, mais pour lui, et pour moi, c'est déjà une grande victoire que d'en être arrivé à ce point, et de savoir que je pourrai marcher à nouveau, certes en conservant une canne par sécurité et pour m'aider dans les moments plus difficiles, mais que par rapport à ce qui aurait pu être, j'ai dépassé ses espérances et les miennes.
Voilà, si je devais en tirer une leçon, c'est qu'il ne faut jamais baisser les bras et se résoudre aux discours fatalistes, mais toujours se bousculer pour aller de l'avant, même si c'est très douloureux: les efforts finissent toujours par payer!

Allez, encore quelques mois, et au printemps prochain je posterai peut-être mon premier CR si tout se passe bien!
