J'attends ce moment depuis plus d'un mois !
Je vous laisse donc imaginer avec quelle fébrilité mêlée d'impatience j'ai sorti la Yam' du garage de mon mono. Autant quand je partais pour le plateau, je la démarrais dans le garage, dès que j'avais posé les fesses sur la selle, mon casque étant encore posé juste dehors. Autant là, non...
Aujourd'hui, au contraire, allez savoir pourquoi, je l'ai sortie moteur arrêtée, puis posée délicatement sur sa béquille.
Ensuite j'ai chaussé mon casque et pas "mis" mon casque

. Quel horrible verbe finalement que le verbe
mettre quand on parle d'un casque, notre casque. C'est indigne de lui, lui qui nous protège...
Puis j'ai essayé de faire passer

les branches de mes lunettes transparentes enveloppantes genre "cadre dynamique qui bosse sur un chantier, habillé avec une blouse blanche et prend des notes à la c.. sur un carnet tenu à l'envers".
Là, je ne parlerai pas de l'oreillette que j'ai oublié de passer

et qui m'a obligé à tout retirer. Non, je n'en parlerai pas car je sais que certains vont s'engouffrer dans cette brèche...
5 mn plus tard et 1/4 d'oreille en moins, je m'assied sur ma monture, mon pur-sang. Je mets mes gants. Le gauche d'abord, toujours ! Puis le droite. C'est comme un cérémonial.
.............contact.............. j'entends le
clic du petit relais habituel qui sort de sa torpeur, comme
Hal, l'ordinateur dans
2001 l'Odyssée de l’espace qui se réveille après une longue léthargique............ attendre, surtout attendre

........... savoir patienter, prendre son temps et savourer le moment où le pouce droit se pose sur le démarreur, et ébranle le moteur d'une simple et brève poussée. Démarreur !
Mmmm.... Un frisson parcourt mon dos, comme au 1er jour. Comme le frisson que l'on ressent lors d'un baiser à celle qu'on aime.
ou celui, ça dépend ! Parce que mon n'Hervé il préfère les garçons, mais bon...
J'imagine les bielles barboter dans l'huile encore froide, les pistons aller et venir dans leur chemise, les soupapes s'ouvrir et se fermer avec une régularité de métronome.
4 cylindres prêts à donner le meilleur d'eux même. Je sens aux vibrations qu'il ne manque pas l'once d'un cheval vapeur. Ils sont tous là, tapis sous la culasse, parés à se libérer, comme une ode à la liberté, une invitation à la promenade et aux sensations.
Les 2 mains posées sur les poignées, le buste droit, bien assis, je me sens le plus fort du monde. Bon, y'a juste le rétro de gauche qui s’obstine à me montrer mon pied et refuse tout réglage et donc vision de ce qui se passe derrière moi ! Mais je m'en fiche. Je serais capable de la faire sans rétro, cette circu ! A la hussarde, au feelling, au bruit, parce qu'à mon niveau de
non maîtrise, je n'ai absolument pas besoin de rétro. ça, c'est pour les débutants, les tafiotes...
Le 2ème élève qui m'accompagne pour cette heure de circu démarre sa .... 125. Je soulève ma visière, regarde la verrue qu'il a entre les jambes et qui s'appelle là aussi un
cylindre, parait-il, puis lui jette un regard compatissant. Il baisse les yeux, honteux et humble, comme un jeune Jedi devant son Maître

. Tout en le fixant, je donne un coup de gaz. C'est bon, il a compris, il se contentera d'avoir la joie de humer mon échappement pendant toute l'heure. D'un autre côté, il aurait du mal à me doubler
Je passe devant d'autorité et suis les indications hertziennes de mon mono qui me grésille dans l'oreille droite. Le p'tit... enfin,... la 125 me suit, enfin, ...essaie de me suivre
Mpppff, ill est mignon ! , et mon mono le pousse. Nous sortons de Mions et prenons la direction de la cambrousse. C'est parti pour une heure de virolets, montées, descentes, traversées de bleds, etc...
Je retrouve très vite les automatismes de la conduite d'un GC et oublie encore plus vite ma 125 Varadéro !
Il fait une température idéale. Je ne regrette pas mes lunettes qui me permettent de conduire, ... pardon... de piloter visière ouverte sans me prendre des volées de moucherons (au mieux) ou frelons (au pire) dans le casque et surtout les n'oeils.
Le parcours choisi par mon mono est varié et sympa. Pas du tout de ville, mais de tout le reste en fait. Je peine à respecter le 50 avec autant de poudre entre les jambes. Mon mono me rappelle à plusieurs reprises que la vitesse est limitée en France. Personnellement, je n'ai jamais au grand jamais eu le sentiment de dépasser la vitesse légale m'sieur l'Agent ! A la limite, peut-être, dans la petite descente qui était là mais..... de rien du tout !
J'ai pensé à notre Joe21 en roulant (salut Fred

). J'ai essayé de soigner mes trajectoires : je rétrograde, lecture du virage, point de corde, accélération pour reprendre de la motricité... (flute, j'ai râpé un peu mon jean au niveau du genou).
Je prend confiance tranquillement, un peu plus à chaque enchaînement de virages.
Le plus difficile (dans une optique
passage du permis) est pour moi la lecture des différentes limitations de vitesse, leur enchainement. Ou pour être plus précis, l'impression d'absence totale d'enchaînement par moments ! Il arrive en effet souvent que je ne sache plus si on est encore sous le coup d'un 50 ou si on peut faire un peu parler la poudre.
L'heure passe très vite. Je prends mon pied sur les ronds-point où, à cause d'une circulation que je trouve dense vu qu'on est un peu en cambrousse, je suis obligé d'
envoyer du lourd pour entrer sur les ronds points et m'insérer dans la circulation. Le pauvre 125 doit en baver derrière !
J'ai bien dû saluer une quinzaine de motards dont une fille

qui m'a fait l'intérieur sur un rond-point et en imposait sur sa brèle ! Elle m'a fait penser à Varanéko (salut Hélène

). Bon, dès qu'elle a été loin, j'ai relâché le ventre et ai reconfié la tenue de l'ensemble abdo-nombril à ma ceinture en cuir...
(no comment, merci !
)
Je rechigne à prendre la direction de l'AE... Pas glop... Trop court.... Mais il faut se résigner.
Je m'applique sur les derniers virages, les derniers changement de vitesse, les dernières ré-accélérations et m'arrête devant le garage qui m'a vu partir il y a une heure, une si petite heure qui ne devait certainement pas faire 60 minutes ! Impossible !!
Couper le contact a été difficile. C'est un peu comme quand on lève la main sur un quai de gare pour saluer une dernière fois celui ou celle qu'on ne veut pas laisser partir....
Pourtant, il le faut.
Contact coupé................... On redécouvre les bruits du quotidien. Mais ils ne font pas se hérisser les poils, ni ne parcourent le dos d'un long frisson.
Adieu ma belle. A dans une longue, trop longue semaine.....
Je lui flatte la selle comme on flatte la croute d'un cheval. Dernier contact avant de tourner les talons sans oser se retourner, de peur que ma virilité ne prenne un coup à cause d'une petite larme que je n'aurai pu retenir...
Ainsi se termina ma 1ère heure de circu.
Ceux qui me connaissent auront trié, bien sûr, dans ce récit. Les autres apprendrons à trier, ou ne me comprendront jamais..
Bises à toutes et à tous
Patrick