Je suis à nouveau passé sur le billard en février, en neurochirurgie cette fois, pour essayer de résoudre mon problème de douleurs dans la jambe. Ca fait plus de trois ans maintenant que je vis avec ces douleurs, comme si on m'écrasait la jambe et que j'avais une crampe en permanence, avec des pics qui me forcent à aller m'allonger et une augmentation des douleurs provoquée par la station assise prolongée.
Enfin bref, grosse galère. Mais là, on a trouvé une solution intéressante. Le principe, c'est d'implanter une électrode dans la moelle épinière, à un endroit bien précis. Cette électrode est reliée à un boîtier implanté dans le ventre après une seconde intervention. Entre les deux, un câble sort du dos du patient, relié à un boîtier externe pendant un moment, histoire de juger de l'efficacité du système. L'objectif, c'est de masquer les sensations de douleur par la stimulation du système nerveux en amont du cerveau. Les sensations provoquées sont un fourmillement d'intensité, amplitude et fréquence variable (réglable par le patient via une télécommande). C'est juste une sensation, qui n'a rien à voir avec un réel fourmillement, mais c'est assez troublant au début.
Je suis donc passé sur le billard une première fois, j'ai passé plusieurs jours avec le boîtier externe, et ensuite, seconde intervention pour implanter le boîtier dans le ventre. Au final, deux anesthésie générales en 48 heures, 40 points de suture et agrafes, et des contractures musculaires du dos comme je n'en avais jamais eu. J'avais l'impression d'avoir fait 48 heures d'aviron non-stop. La cicatrisation s'est bien passée, l'ablation des points et agrafes a été une libération, et le dos s'est remis après un bout de temps. Je garde trois belles cicatrices au final, en plus de celle de ma jambe.
Côté efficacité, le bilan est plutôt positif. Le fait de pouvoir régler l'appareil en fonction de l'intensité des douleurs est vraiment pratique, mais un peu contraignant: je suis obligé de me promener avec la télécommande en permanence et de modifier les réglages quand je change de position ou que les douleurs évoluent. Mais au vu de l'efficacité, la contrainte est minime. Par contre, la présence du boîtier dans le ventre est très difficile. C'est douloureux et il m'empêche par exemple de me pencher ou de me baisser sans fléchir d'abord les jambes. Et ça, on ne m'en avait pas prévenu. Mais bon, c'est un peu comme les effets secondaires des médicaments. On s'y fait à force.
L'autre aspect positif: j'ai pu commencer à diminuer les calmants, surtout les neuroleptiques. Et rien que pour ça, ça valait le coup. Je retrouve notamment de meilleures capacité de concentration.
Les sensations de fourmillements sont assez désagréables, mais je m'y suis habitué. Et puis, elle masque effectivement une partie non-négligeable des douleurs et j'ai commencé à retrouver des capacités de rétroflexion du pied gauche, même si leur amplitude reste limitée. Sachant qu'avant, je ne pouvais pas relever le pied au-delà de la verticale de la jambe de plus d'un ou eux degrés, c'est déjà un point plus que positif.
Bref, côté médical, les choses ont beaucoup avancé. Je devrais être "consolidé" d'ici la fin du mois de mai, une fois que les médecins seront sûrs qu'il n'y a aucun risque de rejet et que je tolère effectivement l'appareillage. Et ensuite, ce sera le passage devant la médecine du travail, que j'appréhende beaucoup, et devant l'expert de l'assurance.
Côté médecine du travail, les médecins m'ont tous prévenu: il y a 99% de risques que je ne puisse pas reprendre le travail dans mon secteur d'activité, et 100% de risques que je ne puisse pas reprendre mon poste actuel. Il faudra que je négocie avec mon patron pour que mon contrat de travail soit modifié et ne comporte plus de déplacements professionnels notamment. Et comme le problème de station assise subsiste malgré l'intervention chirurgicale, je ne pourrais pas non plus rester assis toute la journée devant un clavier d'ordinateur. Enfin bon, on verra bien en temps utiles.
Côté assurances et justice, le dossier pourra enfin avancer. Pour le moment, c'est vraiment laborieux. Je n'ai reçu de l'assurance de la propriétaire de la voiture (la tante du gamin qui m'a coupé la route) m'a versé une provision de 3.000€ en 2008, et là, je devrai enfin en recevoir une seconde, qu'on avait demandée avec mon avocat depuis 2009 sans obtenir de réponse, de 5.000€. Bref, quand vous vous battez face à une assurance, c'est vraiment compliqué. Et c'est loin d'être fini puisqu'il y a le volet judiciaire.
De ce côté-là, ça prendra encore plus de temps. Je dois donc passer d'abord devant l'expert de l'assurance, vraisemblablement en juin de cette année, en redescendant sur Marseille. Après, il fera une proposition de dédommagement, mais je devrai aussi passer devant un expert judiciaire, et là, les délais peuvent être très longs, peut-être jusqu'à la fin de l'année. Ensuite seulement, mon dossier passera en justice et ma plainte sera traitée par le tribunal de grande instance d'Aix en Provence, en charge de mon dossier. Bref, je ne sais pas combien de temps ça pourrait prendre avant que les décisions soient prises et que je puisse être effectivement dédommagé pour toutes les conséquences de l'accident.
Enfin voilà. Sinon, côté moto, la situation est toujours au point mort. Je dédie la plus grande partie de mon énergie à la rééducation. Et j'essaie d'envisager mon avenir professionnel au cas où je ne pourrai pas me remettre à bosser pour mon patron, et que je soie contraint de changer de secteur professionnel et de quitter le nautisme. C'est la grande inconnue pour le moment. Je réfléchis à plusieurs pistes comme le télétravail, retourner dans le monde de l'éducation, bref, c'est encore un peu flou.
Voilà pour les news. La situation s'améliore et je vois enfin plus précisément le bout du tunnel se profiler à l'horizon, même s'il reste encore un peu de temps avant que je retrouve une vie un peu plus normale. J'ai toujours ma Vara. Elle dort sagement dans le garage et je fais tourner le moteur de temps à autres. Elle a le droit à un nettoyage mensuel, une vidange complète tous les 6 mois, et remplacement du filtre à huile tous les ans. Nettoyage de la boîte à air également, et je pense remplacer le filtre quand j'aurai le feu vert des toubibs, ainsi que les pneus. Bref, je la bichonne autant que possible en attendant de pouvoir remonter pour de vraies balades dès que je pourrais.
La meilleure nouvelle, c'est que les médecins m'ont autorisé à reprendre la voile dès que je ne serai plus en arrêt, mais seulement pour les loisirs. Plus de compétition, et seulement du croiseur, plus de dériveur, de catamaran de sport ou de planche à voile avant un bon bout de temps. Du coup, ma planche restera encore un moment à dormir dans le garage. Mais j'ai hâte de retourner sur l'eau.
Allez, je vous remercie encore pour vos messages de soutien, et j'en profite pour vous envoyer un appel de phare virtuel en vous disant à bientôt
