herve.pilot a écrit :Bien sympa ce CR

un peu d'Historique
4 juin 1944
La conférence météorologique de Eisenhower a lieu à 4h00 le matin, à cette heure un grand nombre de navires ont quitté leur port et ceux qui sont en mer ont déjà commencé à se rassembler en convoi. Le météorologue Stagg a de mauvaises nouvelles, la zone de haute pression cède sa place à une zone de basse pression. Le 5 juin, le temps sera couvert et orageux avec un plafond nuageux à 500 pieds et des vents d'une force allant de 0 à 5. Pire encore, la situation se détériore si rapidement que les prédictions au-delà de 24 heures ne sont pas fiables du tout.
Eisenhower fait remarquer que l'opération Overlord bénéficie d'une force terrestre qui n'est pas d'une écrasante puissance. L'opération n'est viable que grâce à la supériorité aérienne des Alliés, sans cet avantage, le débarquement est trop risqué. Il demande si quelqu'un est en désaccord. Tous sont d'accord. Eisenhower prend la décision de retarder l'opération d'au moins un jour, espérant de meilleures conditions pour le 6 juin. À 6h00 le matin, il donne l'ordre de suspendre toutes les opérations en cours.
Le report de l'opération a un terrible effet sur les troupes, les hommes de la 4ème division d'infanterie vont passer la journée en mer, il est hors de question de rentrer au port. Les navires de transport et de débarquement tournent en rond au large de l'île Wight. Les hommes sont en tenue de combat et n'ont nul part où aller, personne n'est intéressé à jouer aux cartes, lire un livre ou assister à un autre briefing. C'est la misère. Dans les navires qui peuvent jeter l'ancre près d'un port ou s'accrocher l'un à l'autre, les hommes ont l'ordre de demeurer à bord. La vue de ces navires accrochés les uns aux autres pour sauver de l'espace est impressionnante, quelle cible facile, il faut espérer que les Allemands ne sont au courant de rien.
Les troupes aéroportées ont les pieds bien à terre et au sec, mais les hommes sont également mécontents. Ils sont prêts, ils étaient à vérifier une dernière fois leurs armes, et à empaqueter leur équipement lorsque l'annonce du report est arrivée.
Le haut commandement de la force expéditionnaire alliée est partagé, seul Eisenhower peut décider. Le commandant suprême est dans un moment d'isolement et de solitude alors qu'il doit prendre une décision, avec la pleine conscience qu'un échec ou un succès reposera entièrement sur sa décision personnelle. Eisenhower poursuit les cent pas, le menton collé à sa poitrine, il s'arrête et remarque : « La véritable question est de savoir combien de temps pouvons-nous laisser cette opération en suspend ? » Personne ne répond à la question. Eisenhower recommence à faire les cent pas, les seuls sons dans la salle sont ceux de la pluie et du battement des portes françaises. Il est difficile de croire qu'une opération amphibie puisse être lancée par un temps pareil.
À 21h45, Eisenhower prend sa décision :
« Je suis tout à fait convaincu que l'ordre doit être donné. »
Ramsay quitte précipitamment pour aller donner l'ordre à la flotte. Eisenhower retourne à sa caravane pour prendre un peu de repos. À 23h00, tous les navires ont reçu l'ordre de poursuivre la traversée. Le Jour J sera le 6 juin. Au même moment la BBC diffuse le message personnel suivant :
« Les sanglots longs des violons de l'automne. »
En France occupée, à Bayeux, le chef d'une unité de résistants, Mercader, est dans la cave de sa maison, la radio est ouverte et il écoute la BBC. Le message suivant est diffusé : « Il faut chaud à Suez. Il fait chaud à Suez. » Suivi d'un long silence. Puis un nouveau message : « Les dés sont sur le tapis. Les dés sont sur le tapis. » Il est surpris par les messages et l'émotion l'étreint, il s'agit des messages de confirmation « B », qui indiquent aux unités que le débarquement aura lieu dans les 48 heures et que son unité doit se préparer à entrer en action. Il se ressaisi rapidement, ferme la radio et grimpe les marches de la cave, quatre à la fois. Il informe sa femme de ce qu'il vient d'entendre puis saute sur sa bicyclette pour aller informer ses gens d'un débarquement imminent.
Les Allemands sont convaincus que le débarquement n'aura pas lieu dans les prochains jours…